Sentiers de randonnée en pleine Nature

Au centre de la Chapelle-d'Abondance, devant l'église, la petite route qui monte en direction du Nord conduit au parking confortable des Chalets de Chevenne [ 32 T 329509 5130871 – N 46.30997° E 6.78577° ]. Au bord du Lac Léman, le brouillard ne permettait pas d'espérer un ciel aussi clair, sans nuage, au lever du jour. Un panneau indicateur indique le chemin pastoral du Col de la Vernaz.

Arrivé à un carrefour de chemin, passé un abreuvoir à sec, on quitte le bon chemin pour suivre le GR5 en direction du Pas de la Bosse [ 32 T 329530 5131214 ]. D'abord en forêt, tracé en pente régulière, le sentier poursuit sa course à travers l'alpage par les Chalets de la Cheneau récemment rénové. La suite plus sauvage, il franchit un ressaut plus raide et débouche à la ruine du Chalet de la Bosse. Deux randonneurs troublent le silence parlent d'une voix forte, dans la traversée qui conduit sous le couloir de Saix Rouquin.

Le toponyme mentionné sur IGN est retenu ici. Mais d'autres orthographes sont utilisés : Saix Roquin dans le guide de Daniel Anker, Saix Rauquin et même Serauquin. La seule importance est de savoir de quoi on parle. Au Pas de la Bosse, une courte pause permet d'avaler une barre énergétique. L'apport sera bien utile dans le raide couloir par lequel commence la véritable ascension des Cornettes de Bise.

Jusqu'à l'épaule qui marque la sortie du couloir, vers 2215m, il n'y a pas de véritable difficulté. Seulement la vue qui domine le paysage pour s'étendre de plus en plus loin. Devinant les difficultés à venir, l'appareil photo rejoint le fourre tout dans le sac à dos et les bâtons s'avéreront encombrants… L'impression aérienne s'accentue encore dans la traversée du couloir, qu'un raide ressaut permet de quitter. Le pas d'escalade est aisé si l'on va chercher une bonne prise à l'extérieur pour le pied droit.

Le passage clé franchit, sur une croupe herbeuse, le sentier monte au pied du ressaut rocheux. Un court passage sur des dalles conduit sous la brèche qui marquera le début de la traversée du versant Est des Cornettes de Bise. Des bouquetins occupent le terrain, l'appareil de photo sort du sac…

Attentif au moindre bruit de pierre pour passer sous les fiers animaux, une pierre roule bientôt sur les dalles, rebondit à moins d'un mètre. Enfin au pied de l'escalade facile qui débouche dans la brèche, les bouquetins sont à gauche, j'enclenche le mode contemplation pour prendre plusieurs photos. La grimpette sur les rochers est facile et agréable. Débouchant sur l'arête, les bouquetins tranquilles vaquent à leurs occupations. Des photos, encore des photos, et si seulement les chamois et autres individus de la faune des montagnes étaient si paisibles.

La longue traversée du versant Est commence par un bon sentier. Et l'espoir de laisser les difficultés derrières fait avancer. En contrebas, telle une échauguette naturelle, la Tour surveille le versant Sud Est de la montagne.

Des ravins rocheux, des gradins escarpés qui nécessitent d'y mettre les mains, coupent encore le chemin au dessus de raides pentes impressionnantes. Faire son chemin dans ces passages nécessite l'intuition du bon itinéraire pour ne pas perdre le fil.

Alors que le cheminement franchit les pentes vers la crête, la croix sommitale précise enfin la proximité du sommet. Mais pas de fausse joie, un couloir semble encore vouloir couper les pentes herbeuses. Après une brèche, surprenante sous l'arche de la crête rocheuse effilée ici, la progression sans difficulté se poursuit sur l'arête.

Un névé de neige dure encombre le chemin qui passe dans le versant Nord. L'arête encore permet de gagner sans difficulté, le confort d'un petit collet herbeux

Et puis la progression devient facile jusqu'à la jonction avec la vie normale. Les 50 derniers mètres de dénivelé paraissent une montagne… Enfin la croix ! Le tour de la plate forme sommitale détend, permet de profiter des 360° du panorama. Une immensité méconnue, pour laquelle j'ai beaucoup de difficultés à dresser un inventaire.

L'emprise de la 1/60000e ne couvre pas jusqu'au sommets lointains, la Suisse en particulier. D'accord, le Mont Blanc et le Grand Combin, les Dents du Midi, le Mont de Grange, la Dent d'Oche et quelques autres sont plus familiers, mais au delà ? La curiosité, le besoin de découverte fait naître doucement l'envie d'un voyage à travers les Alpes Suisse.

Quatre randonneurs sympathiques posent leur sac à dos et s'installent pour casser la croûte près de la croix. Quelques pierres accueillantes offrent un siège confortables en contrebas. Et j'installe le pique nique. La salade à base d'épeautre, soignera peut être la frustration née de l'incapacité à inventorier le paysage, mais apaisera l'appétit certainement.

Au loin, il y a le Cervin, plus loin encore l'Eiger – mais là je reste sur ma faim. Entre temps, deux randonneurs suisses, montés depuis le Lac de Taney satisfont courtoisement à mon besoin de connaissance en énumérant trop rapidement les sommets lointains… Sans retenir grand chose, je les remercie cordialement.

Et puis les quatre randonneurs descendus dans la pente Sud, étendent soigneusement sur le sol la toile colorée de deux parapentes. Deux s'équipent, vérifient les suspentes, testent la prise au vent avant de décoller sans effort, le courant d'air suffit.

D'abord en cercle pour prendre de l'altitude, et puis douces arabesques pour descendre vers la Callaz et le Col de la Vernaz. Plusieurs fois, ils se poseront à proximité des chalets avant de reprendre leur envol à travers l'air transparent. Leurs évolutions me font presque oublier les Chocards à bec jaune nombreux qui tournent autour du sommet.

Mais le temps passe et il faut bien s'arracher, du sommet et du ciel toujours libre de nuages. La descente, assez raide par endroit, s'insinue dans le dédale rocailleux. En suivant la ligne faîtière des Rochers de Chaudin issue du sommet des Cornettes de Bise vers l'Est, les difficultés semblent s'effacer à partir du Pas de Chaudin.

En perdant de l'altitude, comme par abandon de situation dominante, les montagnes reprennent leur hauteur, la perspective reprend la norme. Superbes, les Dents du Midi au relief souligné par les dernières chutes de neige invitent à une prochaine découverte.La traversée de leur crête est-elle accessible ?

L'après midi n'est guère avancée. Mais plus bas sur l'horizon, le soleil de novembre, sculpte les pentes, les falaises, dessine en ombres chinoises la silhouette des montagnes.

Après le Plan Berger, le sentier traverse l'alpage en courbe de niveau pour déboucher aux Chalets de la Callaz avant de dévaler en lacets les pentes jusqu'au Col de la Vernaz. Curieux de voir la borne frontière du col, je laisse un raccourci couper à droite pour rattraper le sentier des Chalets Toper.

Sous le Col de la Vernaz, il ne faut pas manquer de contempler une dernière fois l'imposant versant Sud des Cornettes de Bise. Plus bas encore, le soleil projette loin, l'ombre des crêtes et dès 1500 mètres, la fraîcheur retrouvée fait accélérer le pas. La montre marque 16h15… Le récepteur GPS permettra de vérifier qu'ici, le soleil se couche à 17h08. Le beau temps s'annonce encore pour la semaine prochaine, il sera temps de visiter encore une fois le Chablais haut-savoyard.

Carte, documentation et topos

Lac Léman - Genève, Chablais, Riviera, La Côte, Jura. Les 50 plus belles randonnées par Daniel Anker.