Sentiers de randonnée en pleine Nature

Une cinquantaine de centimètres de poudreuse vient de s'ajouter au manteau neigeux déjà important en ce début du mois de mars. Une petite quinzaine de jours seulement nous sépare du changement de saison… Là-haut, c'est encore l'hiver ! Démarrer de Corrençon garantissait un accès déneigé au parking, une route sèche ou presque. Autrement, avec le risque d'avalanche élevé pour ce samedi ensoleillé, un itinéraire sans grandes pentes à franchir à la montée ou en traversée, s'imposait.

Arrivé avant le lever du jour sur le parking du Golf de Corrençon, je m'équipe alors que commence la ronde des dameuses qui offriront aux skieurs de fond des pistes d'une grande qualité garantie entre autres par les nombreuses interdictions aux piétons et aux raquettes… Pour cette belle journée annoncée par Météo France, l'itinéraire prévu devait atteindre la prairie de Darbounouse par la Cabane de Carrette et revenir par la Coinchette et la Fleur du Roy. Mais croisant les chemins de retour, à chaque bifurcation un panneau en interdit l'accès à ceux de mon espèce ! Alors comment dessiner une boucle pour le retour ? La journée s'annonce si belle que l'envie de contester m'abandonne. Toutes ces interdictions finissent par fatiguer. La garantie de la sécurité et de la santé est un obstacle à la liberté, un leurre, un assistanat pour permettre au pouvoir de mieux s'exercer. Mais il semble aussi, que chacun serait incapable de profiter de sa Liberté… La Liberté serait pour certains, une charge parfois insupportable.

Jusqu'à la Cabane de Carrette, la neige souple est douce sous les raquettes. La trace recouverte d'une fine épaisseur de poudreuse déposée par le vent, est facile à suivre. Le silence de la forêt est pesant alors que le jour se lève, pas un seul chant d'oiseau, pas une seule empreinte sur la neige… La vie est absente. Où est la manifestation de l'activité naturelle du début de l'hiver ? La nature semble morte. Dans la journée entière, seules une trace de lièvre, une autre de blaireau, encore une autre de sanglier pourront être décomptées… Un chocard à bec jaune s'est laissé observer. Et c'est tout !

Sans difficulté, la prairie de Carrette et sa cabane accueillante offrent un paysage bucolique – si ce n'était l'hiver. Un mince filet de fumée monte de la cheminée, s'échappe en volutes qui se laissent capturer par le vent. Un couple et un randonneur solitaire ont passé la nuit là, au cœur de l'hiver. Le randonneur solitaire traverse le Vercors à skis traînant derrière lui une pulka lourdement chargée du matériel et du ravitaillement pour quelques jours passés à travers le rude Vercors. Je l'envie… Le thé chaud apporte un peu de réconfort après avoir cherché le départ du sentier du Grand Pot et du Pas Ernadant. Brassant dans la poudreuse jusqu'à la taille, j'ai renoncé après avoir jugé dangereuses les pentes à gravir. Nous déciderons de faire trace commune jusqu'à Darbounouse, la célèbre prairie typique des Hauts-Plateaux.

D'autres randonneurs arrivent de Corrençon, à pieds, en raquettes, chaussés de skis de fond ou de randonnée nordique pour d'autres. Nous serons donc nombreux à partager le privilège incomparable d'être devant pour faire la trace dans les 50 centimètres de profonde encore légère. L'ambiance est cordiale et bon enfant. Chacun son tour prend la tête du petit groupe.

Arrivé à proximité de la prairie, chacun se disperse pour satisfaire ses propres projets. Nous arrêtant là pour partager le repas sorti du sac à dos et du plateau de la pulka, le vend du nord s'invite comme pour précipiter les instants sympathiques. Séance topo, échange de coordonnées, bon vent ! Fais attention à toi. Chacun part seul de son côté – je repense évidemment aux longues échappées à cheval, solitaire à travers ces vastes paysages sauvages. Mais aujourd'hui, c'est l'hiver et je prends la direction de Corrençon, un retour sans difficulté.

La forêt, même clairsemée, est avare de points de vue sur les environs, les crêtes en particulier. Apercevoir les Rochers de la Balme ravive le souvenir des traversées estivales en solo, avec Philippe Mahieu, Patrick R. aussi. Le retour – huit ou neuf kilomètres – parait bien long et quand j'aperçois l'accueil du terrain de golf et le foyer de Ski de fond, c'est un grand soulagement. Il reste les embouteillages de cette journée rouge sur les routes… Mais cela ne sera pas un gros inconvénient. Seulement, la bifurcation avec la descente de la Côte 2000, présente un bouchon pour commencer une descente ralentie jusqu'à Sassenage.

Carte, documentation et topos

Itinéraire inspiré des Guides Raquettes Isère Tome 2 par Émmanuel Armand aux Éditions LIBRIS.

Lire aussi le guide Le Vercors, Spécial balades et randonnées par Olivier Petit aux Éditions Les Guides Goursau.