Sentiers de randonnée en pleine Nature

La météo capricieuse, la disponibilité des uns ou des autres, n'avait pas permis de retrouver Antoine Salvi pour parcourir ensemble un bel itinéraire. Le temps exceptionnellement beau d'un lundi veille de l'été, était l'occasion pour nous retrouver au départ d'une superbe randonnée.

Antoine souhaitait traverser le Grand Veymont, avec l'idée d'économiser la distance et le dénivelé de la liaison par la Côte de Quinquambaye. Simone et Colette, fidèles amies l'accompagne. En avance sur l'heure du rendez-vous, ils m'attendent déjà chaussés, sur le parking de la Ville au pied des remontées mécanique de la station de Gresse-en-Vercors – j'ai pourtant dix minutes d'avance sur l'horaire… [ 31T 0701200 4974098 ] Simone conduit la petite équipe par le Col de l'Allimas jusqu'au parking de Font Rousse, le point de départ [ 31T 0702073 4970361 ]. C'est parti pour une ascension agréable dans la fraîcheur matinale – le thermomètre marque 4°C. Bientôt, abandonnant le sentier du Pas des Bachassons, nous prenons celui pierreux, du Pas du Fouillet qui nous dépose sur les belles pelouses fleuries des Rochers du Prayet pas très loin de la Cabane des Aiguillettes. C'est la montée suivie pour l'ascension de l'Aiguillette du Veymont fin avril.

Traverser vers le point 1911, au pied de l'arête Sud du Gros Raymond comme l'écrit Daniel Pennac, apaise et détend après les huit cent premiers mètres de dénivelé. Une pause bien méritée, quelques gourmandises énergétiques, finissent de retaper la petite bande d'amis.

Lentement, à petits pas, nous attaquons la pente soutenue de la raide croupe Sud. Venus de Belgique, quatre sympathiques randonneurs qui traversent le Vercors, nous suivent. Chaque mètre gagné se soustrait au quatre cent trente mètres à gravir, le paysage semble s'étaler un peu plus à chaque pas. Un belge encore lourdement chargé, double à grandes enjambées – impressionnant ! Plus tard, j'apprendrais qu'il est pompier professionnel. Prendre une photo puis une autre, permet de récupérer…

Passé le point 2188, la pente devient raisonnable. Une étagne seule, pâture imperturbable. C'est l'occasion de quelques minutes de repos, passées à la photographier sans avoir l'air de traîner, d'avouer sa fatigue. La montée se poursuit jusqu'à la combe rocheuse, cent cinquante mètres sous le sommet.

Dérangés par un curieux incongru, une étagne et son cabri descendent le ranc rocheux de la rive droite de la combe. La mère montre le chemin, le petit hésite. Elle semble l'encourager, l'attend. Et quand enfin, il sera descendu à sa hauteur, elle le poussera doucement de la tête vers le vide après lui avoir léché la croupe. Merveilleuse nature, que je ne me lasse pas d'observer…

Il reste, vue d'ici, la pyramide sommitale à gravir. Antoine arrivé depuis un bon moment, redescend au devant des uns, des autres, propose de prendre mon sac… Non, ça va ! J'ai pris le temps de parles avec les belges et de photographier les bouquetins. Infatigable Antoine !

Déjà du monde au sommet, et ils sont nombreux à arriver du Pas de la Ville. Quelques minutes de repos, nous enfilons les sacs à dos pour partir sans traîner dans la descente.

Une étagne placide et décidée, remonte la crête sans s'inquiéter de notre présence. Trop souvent frustré par l'absence apparente d'une faune pourtant abondante dans la réserve, comblé aujourd'hui, satisfait de tant d'observations, la descente se poursuit, sereine.

À peine plus loin, une autre étagne suitée cette fois, de deux cabris, se prélasse et pâture. J'ignore si la naissance de jumeaux est fréquente chez les bouquetins, mais l'un d'eux pourrait être le petit de l'étagne croisée tout à l'heure…

La descente se poursuit, croisant de nombreux randonneurs, des groupes même. Il seront probablement une bonne centaine là-haut. L'Agnellerie permet d'installer le pique nique à l'abri du vent. Le ranc rocheux et le pierrier qui bordent le replat assurent le chauffage. Plusieurs enclos de pierres sèches, peut-être les ruines de jasses, sont dressés contre la barre rocheuse. Est-ce là que le berger abritait ses brebis gestantes sur le point d'agneler, et celles suitées de leur jeune agneau ? Faut-il croire le toponyme du lieu à 2100m d'altitude ?

Bientôt, le sentier plonge à gauche dans le pierrier de grosses pierres, d'un raide couloir. Par des passages taillés dans le rocher, il traverse des pentes presque impressionnantes avant de passer dans le versant Est.

C'est à mentionner, des cantonniers du PNRV retaillent le passage aux endroits où l'érosion hivernale à fait son oeuvre. Retrouvant le versant Ouest, la pente plus raisonnable permet de descendre sur le Pas de la Ville. Un regard vers l'Ouest permet de voir la belle plaine de La Chaux – souvenir de nombreux bivouacs avec mes chevaux…

Dans le versant Est, les lacets du sentier bien tracés s'enchaînent pour déposer au carrefour avec le sentier du périmètre vers 1720m. Antoine a très envie de faire le détour par la Cabane Forestière du Veymont au pied des Côtes de Quinquambaye.

Tout au long du sentier en courbe de niveau, la vue ouverte sur le Dévoluy par le temps clair, cette après midi encore est très belle. Deux kilomètres pour perdre 200 mètres de dénivelé. En pente douce, la traversée très agréable, laisse le loisir de la contemplation. Les pentes herbeuses sont fleuries et après la combe du Rif du Veymont, le terrain humide est propice à la surprenante Grassette à grandes fleurs, plante carnivore qui pousse ici, très localisée en abondance.

Au fond de la combe du Torrent de la Gresse, le cheminement change d'orientation pour prendre la direction du retour vers la Ville, enfin. Une bonne pause à la table de pique nique qui jouxte la Cabane Forestière du Veymont permet une brève récupération. Pour information, la source du bassin ne coule pas. Le conduit est sec au dessus du bassin désespérément vide aménagé par l'ONF. Passé le contournement d'une petite combe, alors que la piste est orientée plein Nord, un vague cairn marque un sentier qui dévale la rive droite du vallon [ 31T 0700443 4971897 ]. Enfin, c'est une supposition, Antoine ne connaît pas ce chemin, moi non plus d'ailleurs. À cet endroit, la carte ne le mentionne pas. Il se révèle être une bonne alternative bien ombragée à la piste. Passé le point 1315, la piste traverse les champs fleuris de couleurs printanières. Ici, malgré la proximité de la station, la nature parait en pleine forme.

Restées bien fraîches dans le coffre de la voiture, les bières de Colette, sont les bienvenues. Santé ! Nous trinquons joyeusement. Le regard se perd dans les vertigineuses falaises du Grand Veymont et du Sommet de Pierre Blanche.

Carte, documentation et topos

Les itinéraires [Traversée du Grand Veymont de Saint-Michel-les-Portes] et [Traversée du Grand Veymont de Saint-Agnan-en-Vercors] sont disponibles au format de fichier PDF.
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Randonnées dans le Vercors Sud, Itinéraires n°26 et 27 par Antoine Salvi.

La vidéo d'Antoine

Traversée du Grand Veymont 2341 m (21/06/11)
Une vidéo réalisée par Antoine Salvi

Les 100 Pas du Vercors - Édition 2016, randonnées sur les passages d'antan par Bernard Jalliffier-Ardent.