Sentiers de randonnée en pleine Nature

Première voiture sur le parking de la route forestière de Font Rousse, la Bathie [ 31T 0702073 4970361 ] la montée promet d'être tranquille. Il est tôt et je profite du lever de soleil sur l'Aiguillette du Veymont et le Mont Aiguille.

Le versant de Peyre Rouge perd des couleurs quand il offre ses escarpements plutôt Sud Est à la vue. Arrivé au niveau du parcours aventure, la route forestière part sur la gauche passant par le point 1290. Je l'abandonne, alors qu'elle se poursuit vers le Col de l'Aupet pour prendre la piste qui part à droite traverser le vallon de la Cascade de la Pisse [ 31T 0700911 4969147 ] – le Pas de la Selle n'est pas indiqué. Et la montée, orientée à l'Ouest, commence vraiment par un sentier qui jusqu'en haut sera bien tracé. De vieilles marques jaune-vert de l'ancien tracé du GR de pays le jalonnent encore. Traversant une importante coupe de bois, vers 1550m à l'Ouest du Rocher de la Piche, on peut s'interroger sur tous ces arbres abattus, tronçonnés, enchevêtrés qui ne seront probablement jamais débardés. Est-ce pour éclaircir la forêt ? Limiter la concurrence entre les arbres ? Quelle explication ? Autant de bois mort attriste toujours.

Vers 1600m, la forêt s'éclaircie, laisse la place à des prairies luxuriantes qui ont profité de l'humidité du mois de juillet. Et bientôt, le sentier rejoint celui qui arrive du Col de l'Aupet. Arrivé sous le pierrier, attentif aux moindres bruits, je surveille le terrain découvert. N'est-ce-pas par ici qu'un loup a pu être vu, il y a quelques temps… Pour anticiper une rencontre, j'ai monté le téléobjectif sur l'appareil photo.

Pas de loup, mais un bruit de pierres. Rien au dessus, j'aperçois un premier bouquetin sortant d'un bosquet dans la pente, traverser le sentier à une soixantaine de mètres. Continuant la progression le plus calmement et le plus silencieusement possible, deux maintenant, puis trois franchissent l'espace découvert… Et levant la tête, j'en vois quelques autres sur un rognon rocheux sous le Rocher de Chamoux qui domine le chemin. Les trois rejoignent le groupe.

Commence alors une séance photo dont la production occupera plus d'une heure de tri pour choisir les quelques images proposées ici… Le temps passe vite face au spectacle qu'offre la nature. Mais il faut s'arracher, je reprends la marche.

Passé le Pas de la Selle, l'univers si particulier des Hauts Plateaux s'offre au regard. À l'enchantement, s'ajoutent les souvenirs des traversées précédentes, récentes à pieds et plus anciennes à cheval. Bientôt, en orientant la marche vers l'Ouest en direction des Bachassons, les premières Edelweiss attirent l'attention sur les pelouses d'herbe plus rase. Assez commune, la jolie fleur symbolique, provoque toujours admiration et émotion à qui la redécouvre.

Couverte de son duvet cotonneux, l'edelweiss semble avoir enfilé une polaire blanche. Symbole de la flore alpine, l'Edelweiss est menacée par la cueillette, même quand elle parait abondante comme ici sous le Sommet de Montaveilla, en passant par la cabane en bois des gardes du PNRV. Nombreuses, les lourdes pierres à sel du berger, blanches, pas encore léchées par les brebis, ne passent pas inaperçues. Imaginons un instant la lourde claie de portage…

En serpentant dans la pente herbeuse, le Sommet de Montaveilla est atteint. La vue surprenante sur les plateaux montre une immensité ondulée jusqu'au plateau d'Ambel. Plus près, le Roc Mazilier et la Tête de la Graille élèvent leur proéminence – entre les deux, les carrières romaines. Vers le Nord, le Veymont flanqué de son Aiguillette et vers l'Est, le Mont Aiguille.

Pour respecter le projet initial, j'aurais dû descendre la plaine de Queyrie pour traverser vers la Grande Cabane au niveau des carrières romaines pour rentrer par les pas de Chattons et du Fouillet. L'attrait du plateau sous le Sommet de Peyre Rouge, sauvage et paisible est le plus fort. Descendant vers l'Est, une boucle qui suit le bord du plateau se dessine pour rejoindre la crête de Peyre Rouge.

La progression est facile à la condition d'imaginer un cheminement qui évite pierriers et lapiaz. La marche est souvent interrompue par des phases de contemplation diverses, ici la profonde doline 1899, là les escarpements du Rocher de Chamoux qui précède les Rochers du Parquet, ailleurs et partout les fleurs. Et toujours le Mont Aiguille ; l'écho des voix des cordées engagées dans la paroi parviennent jusqu'ici.

Une harde de chamois aussi, plus bas sur les pelouses attirantes du Rocher des Parquets. Les Edelweiss qu'il vaut veiller à ne pas écraser d'un pas mal calculé, tellement elles foisonnent. Plus rares, mais bien présents, les Œillets de Montpellier avec leur cinq pétales légèrement rosés avec l'extrémité découpée en fines franges. Ne pas croire à la découverte de l'Œillet Superbe qui semble avoir disparu de l'Isère.

Arrivé à proximité de la crête coupée de brèches et de ressauts, un itinéraire se dessine pour gravir le Sommet de Peyre Rouge. Mais cela sera pour une autre fois. L'extrêmité de la crête praticable effilée, domine le vallon du Pas des Bachassons face aux pierriers du Pas du Fouillet sous les Rochers du Prayet qui soutiennent la plaine des Aiguillettes. Des groupes de quelques randonneurs parcourent les sentiers qui mènent au Pas de Chattons, à l'Aiguillette ou au Grand Veymont.

Avoir bien flâné, il est temps de poser le sac à dos. Il est tôt pour casser la croûte. Tant pis, je prends de l'avance… Savourant ces instants de solitude, de plénitude au sein d'un paysage exceptionnel.

Partant vers le Sud en suivant le bord des falaises qui dominent le sentier du Pas des Bachassons, les pentes plus douces à traverser conduisent à une faiblesse qui permet de descendre au fond de la combe. Dans le passage étroit, raviné, coule le ruisseau issu du pas… C'est la première fois que je le vois couler début août… La descente pierreuse se poursuit, passe par l'embranchement du Pas du Fouillet, juste après l'éboulement, dévale les zones de pierrier, s'apaise pour entre dans le sous bois. Il fait plus frais après la traversée de quelques fours. Et bientôt, retour à la civilisation, avec le cri des enfants perchés dans les arbres du parcours aventure. Croisant des familles sur la piste, je retrouve le parking plein. Une voiture patientera pour prendre ma place de stationnement, le temps de changer les chaussures pour des sandalettes, de ranger les affaires, de téléphoner pour donner des nouvelles, de vérifier que rien n'est oublié…

Carte, documentation et topos

Les 100 Pas du Vercors - Édition 2016, randonnées sur les passages d'antan par Bernard Jalliffier-Ardent.