Le Château de Montbel, jusqu'à la grotte de Mandrin

L'itinéraire proposé qui conduira vos pas du Col de la Crusille jusqu'à Dullin, peut être découpé en trois boucles que l'on pourra parcourir indépendamment les unes des autres où en une seule fois – une journée de sentiers agréables et bien balisés. Tout au long des falaises qui dominent Rochefort puis Verel de Montbel après le col de Banchet, le sentier parfois glissant et exposé est impraticable pour les chevaux. À Dullin, un panneau prévient des chutes de pierres toujours possibles et recommande aux parents de surveiller leur progéniture. Ces recommandations utiles et justifiées faites, le parcours qui réserve de splendides vues sur les plaines du Nord Isère et du Lyonnais est à recommander.

Un arrêté municipal su 01/06/2010 interdit l'accès du sentier de la Grotte de Mandrin en raison du risque de chutes de pierres - seules les personnes avec une autorisation peuvent s'y rendre (04/03/2011).

Le château de Montbel

Large panorama depuis les ruines du château de Montbel

Le mur septentrional du logis en ruines du château de Montbel, percé d’une vaste brèche au bord de l'à pic permet de contempler un large paysage qui s'étend jusqu'aux pleines du Lyonnais (Ayn, Avant Pays Savoyard - 16/12/2006).

La voiture pourra être laissée au Col de la Crusille sur un vaste emplacement où commence une route marquée comme privée qui pourra être empruntée sous la responsabilité de l'usager sur un vieux panneau rouillé depuis le temps qu'il doit être là. On la suivra pendant une vingtaine de minutes sur 1,350 kilomètres jusqu'à un embranchement après une jolie clairière à gauche où la direction du château de Montbel est indiquée. Au Nord Est, on peut apercevoir la ruine imposante qui domine du haut de sa falaise. Après une centaine de mètres, un nouveau panneau nous invite à prendre la direction des ruines à gauche. Ce sentier contourne le mont par le Nord en suivant un cheminement imposé par le relief rocheux du mont.

Revenant vers le sommet, on traversera ce qui ressemble aux restes d'un rempart face à l'Est qui coupait le bois qui devait être un glacis herbeux à l'époque pour se retrouver dans une probable basse-cour pour atteindre au sommet ce qu'il reste du château. En fait, pas grand chose, le donjon carré qui menace de s'effondrer un peu plus encore et les restes du logis dont le mur septentrional percé d’une vaste brèche au bord de l'à pic permet de contempler un large paysage. Plus intéressant pour l'archéologue, entre ces deux parties du château, près du donjon et en bordure de falaise, une vaste cavité circulaire profonde d'environ 3m s’ouvre à même le sol. Sur la partie où subsiste l’enduit, mélange de chaux et de briques, on peut remarquer de fines incisions. Il s’agit de graffitis, leur relevé a été effectué avec précision par l'association Mémoires des pays du Guiers avant d'être transmis à un archéologue pour les dater. Le site a été protégé par l'installation d'une forte grille galvanisée qui évite autant les chutes que les déprédations.

Un peu d'histoire : Revenons sur l'histoire du château ruiné. Sa construction remonte au XIe ou XIIe siècle et dépendait des seigneurs de Montbel, puissante seigneurerie qui s'étendait selon une charte de 1308 de la montagne de l'Épine jusqu'à la Crusille et, de là par la falaise rocheuse du Banchet et de Vergenucle, jusqu'au Tier (déversoir du lac d'Aiguebelette). Il était occupé par un châtelain, lieutenant du seigneur, chargé de surveiller les voies anciennes menant au Col de la Crusille et au loin la vallée du Guiers et le bassin d'Aiguebelette. C'était effectivement un bon poste de guet de par sa situation sur cette éminence rocheuse d'où la vue s'étendait en direction des châteaux de Gerbaix et de Saint Maurice de Rotherens. Le château a dû être ruiné par Lesdiguières à la fin du XVIe siècle en même temps que les châteaux de Mondragon (Saint Genix), de Martel (Champagneux), de Saint Maurice de Rotherens, de Montfleury et de Belmont (Le Pont de Beauvoisin). (Source : office de tourisme de l'Avant Pays Savoyard).

Quittons cette ambiance mystérieuse où l'ombre des seigneurs se mêle avec celle de Mandrin en descendant le versant Est du Mont par un bon sentier dont le tracé relevé au GPS donné ici diffère de celui qui figure sur les cartes IGN. Arrivé au bas de la pente une piste forestière orientée au Sud Est qui traverse de belles prairies nous ramène sur la route quittée précédemment un peu plus au Sud.

La falaise de Rochefort et le col du Banchet

Le château de Mandrin vu (de loin) de la falaise de Rochefort

Vu du bord de la falaise entre le Col de la Crusille et le Col du Banchet, sur la commune de Rochefort le château où fût arrêté le célèbre contrebandier dénoncé par une femme jalouse le 11 mai 1755 (Novalaise, Avant Pays Savoyard - 05/12/2006).
La photo peut-être agrandie dans la galerie d'images.

À une cinquantaine de mètres à droite commence le sentier qui suit le bord de la falaise de Rochefort. Au dessus de parois très raides, il offre de très beaux points de vue qui valent les quelques risques de dérapages qu'il présente par endroit, surtout quand l'humidité résiduelle le rend curieusement glissant au mauvais endroits les heures qui suivent les averses d'une nuit d'automne pourtant dit sec et le plus chaud depuis des lustres…

Trop vite nous quittons l'ambiance vertigineuse de la falaise pour descendre à travers une forêt de résineux vers le Col du Banchet (590m) – son oratoire, sa croix, son rocher d'escalade et son aire de décollage pour les parapentes… sans oublier sa voie romaine.

La croix du Col du Banchet

La croix actuelle du Col du Banchet date de 1896. D'après la tradition, on aurait trouvé deux pistolets sous le socle de cette croix – le légende de Mandrin reste bien vivante (Ayn, Avant Pays Savoyard - 05/12/2006).

Au retour, pour changer un peu et éviter d'emprunter le même chemin – celui de la falaise de Rochefort – nous allons prendre de belles pistes forestières qui nous ramènerons sur la piste du Col de la Crusille. Pour cela descendons ver le hameau du Banchet la petite route du col sur environ 250m pour prendre à gauche un sentier qui remonte par quelques lacets peu marqués vers la piste que nous avons descendu au point coté 631m. De là, en suivant vers le Nord, la piste descendue nous arrivons rapidement à la bifurcation qui offre le choix, à gauche d'un retour par la falaise ou à droite par la forêt – c'est aussi le toponyme mentionné par la carte. Sans difficulté nous sommes rapidement sur le macadam de la petite route forestière encore goudronnée à cet endroit.

Un peu d'histoire
La route du Col du Banchet qui suit le parcours d'un ancien chemin difficile, fut ouverte dès 1872 pour faciliter les communications entre le Lac d'Aiguebelette, Ayn et Le Pont de Beauvoisin. Ces travaux et d'autres, marquaient l'intérêt que la France portait à la Savoie après son rattachement en 1860.
Au XVIIe siècle, une procession en l'honneur des Dix Mille Martyrs conduisait les nombreux fidèles d'Ayn et de ses environs jusqu'à l'église des Carmes du Pont de Beauvoisin. Vers 1736, son parcours fut écourté en choisissant son point de rassemblement la croix du Col du Banchet. La chapelle construite entre 1910 et 1912 a été restaurée en 1989, on y célèbre les messes de la procession.

La grotte de Mandrin

Au pied des barres rocheuses au dessus de Verel de Montbel

Le sentier qui mène à la grotte de Mandrin suit le pied des barres rocheuses (Verel de Montbel, Avant Pays Savoyard - 05/12/2006).

Pour rejoindre la grotte de Mandrin depuis le Col du Banchet, deux possibilités s'offrent au promeneur. La première est de prendre le sentier balisé qui commence derrière la croix, la seconde est de satisfaire sa curiosité en empruntant la voie romaine.

Première solution : le chemin d'abord excellent, plutôt en courbe de niveau sur un peu plus de 700m, donne accès à un sentier aménagé, – marches de rondins de bois, barrières avec mains courante – qui descend rapidement dans des pentes raides pour rattraper le système de vire sous la roche des barres rocheuses qui dominent Verel de Montbel et l'autoroute A43 Lyon Chambéry juste au dessus du tunnel de Dullin.

Deuxième solution : En descendant la route du col en direction de Verel de Montbel, face des rochers aménagés pour l'escalade en contrebas du parking aménagé le chemin large qui descend assez rapidement est la célèbre voie romaine. Très vite la voie taillée dans le rocher permet d'imaginer la difficulté des travaux à l'époque où les moyens mécaniques n'étaient pas ceux d'aujourd'hui. Nous dominons la route du col à la verticale ce qui permet de comprendre le dessin de la carte IGN où la voie romaine et la route semblent côte à côte. Après 800m environ, un raidillon sur la gauche permet de rattraper dans les buis le sentier de la première solution pour poursuivre notre progression au pied des barres rocheuses jusqu'à la grotte de Mandrin.

Au dessus du tunnel de Dullin sur l'autoroute A43

Le bruit de l'autoroute, d'un niveau si élevé qu'il domine presque le chant des oiseaux, nous accompagne sur toute la randonnée au pied des barres rocheuses des alentours de la grotte de Mandrin (Verel de Montbel, Avant Pays Savoyard - 05/12/2006).

Dans la galerie de l'Avant Pays Savoyard, des photos montrent plusieurs aspects de notre cheminement et des effondrements saisissants qui le jalonnent. Tout au long de ce sangle nous ne risquerons pas de nous perdre entre le vide de l'à pic que le passage domine et la verticalité de la barre rocheuse qui le surplombe. Le passage parfois chaotique et impressionnant n'est que rarement glissant puisqu'il est abrité par les surplombs rocheux qui le domine. Après un kilomètre parcouru dans cette ambiance aérienne, nous sommes surpris d'être à l'entrée de la grotte.

Les grottes dites de Mandrin sont très nombreuses notamment dans les régions où le célèbre contrebandier mena ses campagnes. Leur nombre important entretient la légende de son trésor caché dans une ou plusieurs des cavités mais la vérité historique établit que la plupart n'a jamais reçu sa visite. Une autre légende récurrente dans le Nord des Alpes raconte qu'on entendit un chien aboyer sous l'autel de l'église de Dullin durant la messe de minuit – le chien se serait égaré dans les galeries de la grotte…

Vue intérieure de la grotte de Mandrin

Le porche de la Grotte de Mandrin, vu de l'Intérieur. Elle aurait été occupée à la préhistoire de manière épisodique (Verel de Montbel, Avant Pays Savoyard - 08/12/2006).

La grotte de Mandrin a été explorée dès 1812, époque à laquelle elle a été équipée d'échelles de fer toujours en place par les propriétaires de l'hôtel Bellemin autrefois situé au pied de la falaise. D'un développement de 848m, elle constitue une exurgence temporaire en période de fortes pluies. Une information qui n'a pu être vérifiée signalerait des nappes de monoxide de carbone – le gaz d'échappement remonterait par des fissures dans le calcaire depuis les évacuations prévues lors des travaux d'aménagement du tunnel autoroutier de Dullin. À l'entrée de la grotte un panneau de l'office du tourisme de l'Avant Pays Savoyard rappelle que la visite de la cavité relève de la spéléologie et que le matériel spécialisé et l'expérience sont nécessaires à la pratique de cette activité. Autrement, l'usage de détecteurs de métaux est interdit et une demande d'autorisation est nécessaire.

Nous poursuivons notre chemin jusqu'à Dullin entre surplombs et à pics par des chaos toujours aussi surprenants. Par endroit, des cables sécurisent le passage. La sortie du sangle par la vire qui permet de rattraper de bons chemins jusqu'à vers Dullin a été reportée dans les Données topographiques et relevés GPS en utilisant un GPS – le tracé des cartes IGN ne correspond pas à la réalité du terrain. En passant en amont de l'église de Dullin, nous emprunterons des petites routes puis des chemins balisés des traits jaunes des PDIPR, du GR9 et à nouveau de panneaux indiquant la direction des grottes.

Sur le retour vers le Col du Banchet, nous ne manquerons pas de nous arrêter au belvédère du Grand Bec (665m) qui de sa plateforme rocheuse offre à la vue de vastes et superbes paysages qui s'étendent du massif de la Grande Chartreuse jusqu'au massif du Mont Tournier, en passant par le massif du Vercors, les collines du Dauphiné et le Bugey.

La grande Chartreuse vu depuis le belvédère du Grand Bec

Le panorama sur la grande Chartreuse vu depuis le belvédère du Grand Bec (Dullin, Avant Pays Savoyard - 08/12/2006).

Avertissement !

Certains passages de cet itinéraire de montagne sont escarpés et/ou exposés, il est déconseillé aux enfants non accompagnés et aux personnes sujettes au vertige.

Respectez les consignes de sécurité détaillées sur les panneaux aux départ des sentiers.

Pour votre sécurité, nous vous invitons à respecter les règles suivantes : être bien chaussé, ne pas s'engager par mauvais temps, ne pas s'écarter des sentiers aménagés.

Sources et références

Mémoires des pays du Guiers

Annexes

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