Sentiers de randonnée en pleine Nature

Aucune voiture sur le parking du golf de Corrençon, il est encore tôt. Sous le ciel couvert, quelques gouttes de pluie ont mouillé le goudron. Mais la prévision de Météo France est au beau… Alors, pas de souci. Comme cet hiver, en direction de Darbounouse, un pas vers les Hauts-Plateaux du Vercors, la piste qui passe par le 45e parallèle [ 31T 0697638 4985959 ] parait longue. Passée la Porte Barnier, le GR traverse bientôt le pré de Carrette.

Cet hiver, confiant dans le tracé du sentier sur GPS Topo, je n'avais pas trouvé le chemin du Pas Ernadant… Et la neige poudreuse, profonde et menaçante, me faisait renoncer à l'ascension. Le tracé de la 1/25000e est juste, facile à suivre jusqu'au Grand Pot où la forêt s'éclaircit pour faire place aux prairies. Herbe drue, haute jusqu'à la taille, dans laquelle le sentier se suit cependant facilement.

Le terrain devient plus rocailleux pour monter par pierriers et pelouses fleuries jusqu'au Pas Ernadant. Espoir déçu de ne pas surprendre quelques bouquetins habitués de l'endroit, seul les cris de quelques marmottes invisibles déchirent le silence de la montagne. Quelques chocards à bec jaune tournent dans le ciel enfin bleu.

Le raide couloir terreux du Pas Ernadant n'est pas engageant, une sente sur une vire en rive gauche souligne le bon passage comme une invitation à franchir le versant Est, toujours impressionnant. Une bonne trace marque l'itinéraire évident sous le bord de la falaise. En suivant vers l'Est la rive d'une petite combe, on atteint le point coté 1931m marqué d'un cairn. La vue sur le raide versant Sud de la Grande Moucherolle et sur Agathe, la Grande Sœur, est saisissante. Aussi le versant Est de la Crête des Rochers de la Balme qui domine l'audacieux Sentier du Périmètre, retient l'attention.

La montée se poursuit vers le Sud jusqu'à croiser les doubles marques rouge de la limite administrative, qui conduisent jusqu'à la profonde faille sommitale. Du sommet, marqué aussi d'un cairn, la vue s'étend sur un tour d'horizon complet, 360° de paysages des Alpes du Sud aux Alpes du Nord. Vers le Nord, la Grande Moucherolle et Agathe, la Grande Sœur, dressent la barrière Est du Vercors dominée au Sud par le Grand Veymont et marquée par le Mont Aiguille.

Sommet et air vif, détendent pour ouvrir l'appétit. Sous le cairn sommital, quelques roches offrent un siège confortable, terrasse idéale pour un pique nique panoramique.

Loin en contrebas, sur le point coté 1637m, des taches brunes s'animent. Je reconnais la silhouette caractéristique de quelques bouquetins qui disparaissent dans l'ombre de quelques arbres – unique apparition fugitive de la journée. Personne dans la montagne, seul le sifflement caractéristique d'un planeur troublera le silence, comme pour rappeller l'Humanité dans cet univers de pleine Nature. Tranquillement, je me lance dans la descente, m'agenouille pour photographier quelques fleurs, gentianes, myosotis, pensées… Attentif aux moindres bruits, j'observe les pentes vers l'aval ou vers l'amont. Sur les pierriers abrités du vent par la falaise, la chaleur parfois étouffante fait apprécier le moindre souffle d'air.

Dans la prairie luxuriante du Grand Pot, je retrouve le cairn qui marque la bifurcation du sentier de Carrette avec celui du Ranc de l'Abbé. Filant toujours à droite, je suis la sente de la glacière [ 31T 0698528 4983846 ]. De nombreux petits cairns marquent le passage en courbe de niveau. Après deux cent cinquante mètres, la sente franchit le muret d'une plateforme – charbonnière ? Et puis, arrivé sur les coordonnées soigneusement relevées sur la carte, une sorte d'effondrement terreux se traverse facilement. De l'air très froid monte du sol… Du Nord, la trace s'oriente vers l'Est pour se terminer 75 mètres plus loin au pied d'un ressaut rocheux. Une balme au dessus d'un puits abrite encore quelques bouteilles de plastique pleine d'eau abandonnées là, bien au frais. Le puits qui semble profond d'un mètre, guère plus, est étayé de bois. Sans comprendre le lieu et son exploitation ancienne, je photographie quelques superbes anémones – pulsatille des alpes – elles aussi, profitent de la fraîcheur.

Le long retour par le Ranc de l'Abbé et la Côte Gy laisse le temps à la méditation que favorise le sous bois tranquille. Peu avant le Champ de la bataille, un paysan refend son bois – seule rencontre de la journée avant de retrouver les voix et les cris de quelques golfeurs. Poussettes, civilisation, parking – le point de départ retrouvé met le point final à une belle journée de solitude.

Carte, documentation et topos